Que commémore-t-on exactement, aujourd'hui, durant Hanouka ?
Nous célébrons Hanouka chaque année, en évoquant le miracle des flammes de la Ménora du Temple – un miracle qui aurait duré huit jours.
Nous allons découvrir que l’histoire est beaucoup plus complexe que cela ….
Texte 1 :
Livre 1 des Maccabim
... וַיִקְחוּ (יהוּדה הַמַכַּבִּי ואנשיו) אֲבָנִים שְׁלֶמוֹת אשֶר לֹא עָלָה עֲלֶיהֶן בַּרְזֶל כַּכָּתוּב בְּתוֹרַת ה' וַיִבנוּ מִזְבֵּח חָדָשׁ כּתַבְנִית הַרִאשׁוֹן. ... וַיחֲדְשוּ את כֹּל כְּלי הַקֹדשׁ וַיַשִׂימוּ את הַמְנוֹרָה אֱל הַהֱיכל וְאֶת מִזְבֵּח הַקְטֹרֶת וְאת שוּלְחַן הַפָּנִים. וַיַשִׂימוּ את הַקְטוֹרֶת על הַמִזְבֵּחַ ואֶת הַמְנוֹרָה הֵעֱלוּ את נֶרוֹתיהָ להָאִיר בַּמִקְדָש. וַיִתְנוּ את לֶחֶם הַפָּנִים על הַשוּלְחַן וְאֶמֶת פַּרוֹכֶת הַמַסָךְ על הַארוֹן וַתְכַל כֹּל הַעבוֹדָה כַּאשֶר בַּתחִילָה. וַיהִי בַּיום הַחמִישִי ועֶשרִים לַחֹדֶש הַתִשְיעִי הוּא כִּסְלֵו בִּשְׁנַת שְׁמוֹנָה וארבָּעִים וּמֵאָה וַיַשְכִּימוּ בַּבֹּקֶר וַיַעֲלוּ עוֹלוֹת עֲל הַמִזְבֵּחַ החָדָש כַּמִשְפָּט. וַיְחֲנְכוּ את הַמִזְבֵּחַ בְּעֶצֶם הַיוֹם אֲשֶׁר טִמאוּ אוֹתוֹ הַגוֹיִם וַיהֲלְלוּ לַה' בַּשִירִים וּבכִּינוֹרוֹת בַּחֲלִילִים וּבִמצִלצָלִים. וַיִפְּלוּ עַל פְּנֵיהֶם וַיִשְׁתָחַווּ לַה' על אֲשֶׁר נָתַן לָהֶם עֹז וּתְשוּעָה. וַיַחוֹגוּ אֶת חֲנוּכַּת הַמִזְבֵּחַ שְמוֹנַת יָמִים וַיַעֲלוּ עוֹלוֹת וְתוֹדוֹת בְּשִׂמְחַת לְבָבָם ... וַתְהִי שִׂמְחָה גְדוֹלָה בְּכֹל הָעָם כִּי גָלַל ה' את חֵרְפַּת הַגוֹיִם מעלֶיהֱם. וַיצַו יְהוּדָה וְאֱחָיו וְכֹל קְהַל יִשְרָאֵל לחֻג אֶת חֲנוּכַּת הַמִזְבֵּחַ בְּיוֹם הַחֲמִישָׁה וְעֵשְׂרִים לַחוֹדֶש כִּסְלֵו שְׁמוֹנַת יָמִים מִדֵי שָׁנָה בְּשָׁנָה בְּהֲלֶל וּבְתוֹדָה לַה'. בספר מכבים א' בסוף פרק ד' |
Ils prirent des pierres brutes, non taillées par le fer, comme il est ordonné dans la loi de Moché…ils fondèrent un nouvel autel selon le modèle de l’ancien… Ils renouvelèrent ainsi tous les ustensiles du Temple, et placèrent la Menora devant le sanctuaire, l’autel des parfums et la table des pains. Puis ils placèrent les encens sur l’autel et allumèrent la Menora pour illuminer le Temple… Ils placèrent les pains sur la table et le rideau devant le sanctuaire, et ainsi, le service saint put reprendre comme autrefois. Le 25 du 9eme mois qui est Kislev, ils se levèrent à l’aube, et offrirent des holocaustes sur l’autel restauré, selon le rituel journalier. Ils inaugurèrent l’autel après que les non juifs l’eurent rendu impur, ils chantèrent des louanges à Dieu, accompagnés des harpes et des flûtes et des tambourins. Ils tombèrent sur leur face, et s’inclinèrent devant Dieu qui leur avait rendu la force et la délivrance Ils fêtèrent cette inauguration durant huit jours ; ils offrirent des holocaustes et des offrandes dans l’allégresse de leur cœur …la joie fut intense, partagée par tout le peuple car Dieu avait ôté leur honte devant les non-juifs. Yehouda et ses frères ordonnèrent à tout le peuple de commémorer cette inauguration à partir du 25 Kislev, chaque année, dans les louanges et les remerciements. Livre des Maccabim 1 , fin du chapitre 4 |
- Comment l’ événement est raconté ?
- Quelle est la référence des juifs de cette époque, en matière de rituel ?
- Quelle est sa date ? Combien de jours durent ces festivités ?
- Quel rituel est instauré pour ces festivités ?
- Quelle raison est avancée pour justifier l’instauration de cette fête ?
Texte 2 :
Livre 2 des Maccabim
הַיְהוּדִים אֲשֶר בִּירוּשָלַיִם וּבְאֶרֶץ יְהוּדָה לְאֲחֱיהֶם הַיְהוּדִים בְּמִצְרָיִם שָלוֹם וְיֵשַע רַב. ... וַיִשְׂרְפוּ אֶת הַשְעָרִים וַיִשְפְכוּ דֲם נָקִי וַנִתְפָּלֵל אל ה' וַיִשְמַע אֱלֶינוּ וַנָבִיא זֶבַח וּמִנְחָה וַנִדְלַק את הַנֵרוֹת וַנָשֶׂם את הַלֶחֶם. ועֲתָה עֲשוּ אֶת יְמֵי חַג הַסוּכּוֹת מֶחֲמִישָה וְעֵשְרִים בַּחֹדֶש כִּסְֵלו ---- בִּשְנַת מֵאָה שְמוֹנִים וּשְמוֹנָה. ... מֵסַכָּנוֹת גְדוֹלוֹת נוֹשַעְנוּ בַּה' וּמוֹדִים אֲנַחְנוּ לוֹ מאֹד כַּאֲנָשִים שֶאָסְרוּ מִלְחָמָה בְּמֶלֶךְ... ... עֲל הַכֹּל בָּרוּךְ אֱלוֹהֶינוּ אֲשֶר הִסְגִיר אֶת הַרְשָעִים. בִּהְיוֹתנוּ נְכוֹנִים לַעֲשוֹת בְּחֹדֶש כִּסְלֵו בַּחֲמִישָה וְעֶשְרִים בּוֹ אֶת חַג טַהֲרַת המִקְדָש רָאִינוּ לְהוֹדִיעֲכֶם לְמַעֲן תַּעֲשוּ גַם אָתֶם חַג הַסוּכּוֹת וְהַאֶש כְּנֶחֱמִיָה בְּכִלְכְלוֹ אַז אֶת הַמִקְדָש וְאֶת הַמִזְבֵּחַ הֵבִיא זְבָחִים... ספר מכבים ב' מתחיל באגרת ששלחו בני ירושלים אל יהודי מצרים. (קטעים מן האיגרת): |
Des juifs de Jérusalem et de Juda à leurs frères d’Egypte, Paix sur vous et nombreuses bénédictions… Ils ont brûlé nos places, ont versé du sang innocent ; nous avons prié Hachem, Il nous a entendu…et nous apportons donc des offrandes, et allumons les lumières et déposons le pain…… Et vous, célébrez cette fête des Soucot le 25 Kislev, en cette année 188… Hachem nous a délivré de grands dangers et nous lui en sommes très reconnaissants, comme des hommes qui ont échappé à la guerre contre un roi … et pour tout, merci à Toi, Hachem…qui a stoppé les méchants. En nous nous apprêtons à célébrer le 25 Kislev, la purification du Temple, nous avons pensé nécessaire de vous faire savoir pour que, à votre tour, vous célébriez cette fête des Soucot et du feu comme lorsque Néhémie a achevé le Temple et l’autel et qu’il fit apporter des sacrificesà… Livre 2 des Maccabim Extraits de la lettre des habitants de Jérusalem adressée à leurs frères, en Egypte |
àNéhémie chapitre 8 ( ce passage est précédé du récit qui déroule l’achèvement de la construction de la muraille de Jérusalem, après de très nombreuses embûches, en particulier des ennemis des judéens. La muraille est achevée le 25 Elloul, quelques jours avant la nouvelle année juive)
« Néhémie, à savoir le gouverneur, ainsi qu'Ezra, le prêtre et scribe, et les Lévites qui instruisaient le peuple, dit au peuple tout entier: "Ce jour est consacré à l'Eternel, votre Dieu; ne manifestez pas de deuil et ne pleurez point!" Car tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la Thora. Ils trouvèrent écrit dans cette Thora que l'Eternel avait ordonné, par l'organe de Moïse, que les Israélites devaient demeurer dans des cabanes pendant la fête qui arrive au septième mois, et qu'ils devaient publier et faire passer dans toutes leurs villes ainsi qu'à Jérusalem l'avis suivant: "Répandez-vous dans la montagne et rapportez-en des feuilles d'olivier, des feuilles de l'arbre qui donne de l'huile, des feuilles de myrte, des feuilles de palmier, des feuilles d'arbres touffus, pour faire des cabanes comme il est écrit." Le peuple sortit et en apporta. Ils se dressèrent des cabanes, chacun sur son toit, dans leurs cours et dans les parvis du temple de Dieu, sur la place devant la porte de l'eau et sur la place devant la porte d'Ephraïm. Toute la communauté de ceux qui étaient revenus de captivité établirent des cabanes et demeurèrent dans ces cabanes; aussi bien, depuis les jours de Josué, fils de Noun, jusqu'à ce jour, les enfants d'Israël n'avaient pas agi de la sorte. La joie fut donc extrêmement grande. Et jour par jour, du premier jour [de la fête] jusqu'au dernier, on lut dans le livre de la loi de Dieu. Ils célébrèrent ainsi la fête durant sept jours, et le huitième jour, ce fut une solennité de clôture, conformément à la règle. »
- Comment l’ événement est raconté ? Qu’est-ce qui est mis en avant dans ce passage ?
- Quelle est la référence des juifs de cette époque, en matière de rituel ?
- Quelle est sa date ? Combien de jours durent ces festivités ? ( implicitement…)
- Quel rituel est instauré pour ces festivités ?
- Quelle raison est avancée pour justifier l’instauration de cette fête ?
Texte 3 :
Méguilat Taanit
מָה רָאוּ לַעשוֹת חֲנוּכָּה זוֹ שמוֹנָה יָמִים? אלָא בִּימֵי מלכוּת יָוָן נִכנסוּ בני חֲשמוֹנַאי להֵיכָל וּבָנוּ את המִזבֵּחַ וכֹל שִבְעַת הַיָמִים הָיוּ מִתְקָנים בִּכְלֵי שָרֶת.חנוּכַּת בֵּית חֲשמוֹנַאי לְדוֹרוֹת. וְלָמָה הִִיא נוֹהֶגֶת לְדוֹרוֹת? אֱלָא שֶעֲשָׂאוּהָ בְּצֵאתָם מִצָרָה לִרְוָחָה וְאָמְרוּ בָּה הֲלֵל והוֹדָאָה וְהִדְלִיקוּ בָּהּ נֵרוֹת בְּטָהרָה, לפִי שֶנִכְנסוּ יְוָנִים בְּהֵיכָל וְטִִמְאוּ כֹּל הַכֵּלִים וְלא הָיָה בְּמָה לְהַדְְלִיק וכְשֶגָבְרָה יַד בֵּית חֲשמוֹנאי הֵבִיאוּ שִבעָה שִיפוּדֵי בַּרזֵל וחִִיפוּם בבעץ, (בבדיל) והִתחִִִילוּ שוּב להַדְלִיק הַמנוׄרָה. על חנוכה - סכוליון של מגילת תענית |
Pourquoi ont-ils jugé qu’il fallait fêter ‘Hanoukka durant huit jours ? Car après l’époque du règne des grecs sur Israël, les enfants de la famille Hasmonéenne sont entrés dans le Temple, ont reconstruit l’autel des sacrifices et durant 7 jours ont œuvré à réparer les objets du service, et inauguré le Temple pour les générations. Pourquoi pour les générations à venir ? Car ils étaient sortis de l’angoisse vers la joie ; qu’ils avaient chanté des louanges et des chants de remerciement et avaient pu allumer les bougies dans la pureté (car les grecs qui avaient pénétré dans le Temple, l’avait saccagé et rendu impur) .Mais ils n’avaient pas trouvé de quoi l’allumer ; et ce n’est que lorsque les enfants de la famille Hasmonéenne avec héroïsme, purent apporter sept mèches d’huile qu’ils recommencèrent à allumer la Ménora. A propos de Hanouka –« Siholion » extrait de Méguilat Taanit |
- Comment l’ événement est raconté ? Qu’est-ce ( ou plutôt qui ?) qui est mis en avant dans ce passage ?
- Quelle est sa date ? A quel moment précis est-elle fixée ? Combien de jours durent ces festivités ? (Explicitement…)
- Quel rituel est instauré pour ces festivités ?
- Quelle raison est avancée pour justifier l’instauration de cette fête ? Que ce qui est introduit, implicitement, dans ce passage, pour la première fois ?
Texte 4 :
Braïta rapportée par le Talmud de Babylone
מַאי חֲנוּכָּה? דְּתָנוּ רַבָּנָן: בְּכ״ה בְּכִסְלֵיו יוֹמֵי דַּחֲנוּכָּה תְּמַנְיָא אִינּוּן, דְּלֹא לְמִסְפַּד בְּהוֹן וּדְלֹא לְהִתְעַנּוֹת בְּהוֹן. מהי חנוכה (רש"י: על איזה נס קבעוה?) ששנו חכמים (בברייתא) בכ"ה כסלו ימי החנוכה שמונה הם, שלא לספוד בהם ולא להתענות בהם. שֶׁכְּשֶׁנִּכְנְסוּ יְוָונִים לַהֵיכָל טִמְּאוּ כָּל הַשְּׁמָנִים שֶׁבַּהֵיכָל, וּכְשֶׁגָּבְרָה מַלְכוּת בֵּית חַשְׁמוֹנַאי וְנִצְּחוּם, בָּדְקוּ וְלֹא מָצְאוּ אֶלָּא פַּךְ אֶחָד שֶׁל שֶׁמֶן שֶׁהָיָה מוּנָּח בְּחוֹתָמוֹ שֶׁל כֹּהֵן גָּדוֹל, וְלֹא הָיָה בוֹ אֶלָּא לְהַדְלִיק יוֹם אֶחָד. נַעֲשָׂה בוֹ נֵס וְהִדְלִיקוּ מִמֶּנּוּ שְׁמוֹנָה יָמִים. לְשָׁנָה אַחֶרֶת קְבָעוּם וַעֲשָׂאוּם יָמִים טוֹבִים בְּהַלֵּל וְהוֹדָאָה בברייתא (משנה חיצונית) בתלמוד הבבלי מסכת שבת דף כ"א עמוד ב |
Comment célèbre-t-on ‘Hanoukka? Nos maitres enseignèrent : durant huit jours en s’abstenant de s’endeuiller et de jeûner. Sur quel miracle célèbre-t-on ‘Hanoukka ? (Rachi) Nos maîtres ont enseigné dans une braïta, à partir du 25 Kislev, cette fête comporte huit jours, durant lesquels on ne manifeste pas de marques de deuil ni de mortifications. Lorsque les grecs ont pénétré dans le Temple, ils rendirent impures toutes les huiles ; et lorsque les Hasmonéens se rendirent victorieux et rentrèrent dans le Temple, ils vérifièrent partout mais ne trouvèrent qu’une fiole minuscule d’huile pure et portant encore le cachet du Grand Prêtre. Mais le contenu de cette fiole ne suffisait à allumer la Menora que pour un seul jour. Un immense miracle se produisit et elle brûla durant huit jours. Pour les années suivantes, ils fixèrent ces jours comme des jours d’allégresse et de louanges Braïta Talmud de Babylone, Traité Chabat 21b |
- Comment l’ événement est raconté ? Qu’est-ce qui est mis en avant dans ce passage ( et presque exclusivement) ?
- Quelle est sa date ? Combien de jours durent ces festivités ? (Explicitement…)
- Quel rituel est instauré pour ces festivités ?
- Quelle raison est avancée pour justifier l’instauration de cette fête ? Que ce qui est introduit, explicitement, dans ce passage, pour la première fois ?
Texte 5 :
Texte du « Michné Torah » - Maimonide
הלכה ב – וּכְשֶׁגָּבְרוּ יִשְׂרָאֵל עַל אוֹיְבֵיהֶם וְאִבְּדוּם בְּכ''ה בְּחֹדֶשׁ כִּסְלֵו הָיָה וְנִכְנְסוּ לַהֵיכָל וְלֹא מָצְאוּ שֶׁמֶן טָהוֹר בַּמִּקְדָּשׁ אֶלָּא פַּךְ אֶחָד וְלֹא הָיָה בּוֹ לְהַדְלִיק אֶלָּא יוֹם אֶחָד בִּלְבַד וְהִדְלִיקוּ מִמֶּנּוּ נֵרוֹת הַמַּעֲרָכָה שְׁמוֹנָה יָמִים עַד שֶׁכָּתְשׁוּ זֵיתִים וְהוֹצִיאוּ שֶׁמֶן טָהוֹר: הלכה ג – וּמִפְּנֵי זֶה הִתְקִינוּ חֲכָמִים שֶׁבְּאוֹתוֹ הַדּוֹר שֶׁיִּהְיוּ שְׁמוֹנַת הַיָּמִים הָאֵלּוּ שֶׁתְּחִלָּתָן כ''ה בְּכִסְלֵו יְמֵי שִׂמְחָה וְהַלֵּל וּמַדְלִיקִין בָּהֶן הַנֵּרוֹת בָּעֶרֶב עַל פִּתְחֵי הַבָּתִּים בְּכָל לַיְלָה וְלַיְלָה מִשְּׁמוֹנַת הַלֵּילוֹת לְהַרְאוֹת וּלְגַלּוֹת הַנֵּס. וְיָמִים אֵלּוּ הֵן הַנִּקְרָאִין חֲנֻכָּה וְהֵן אֲסוּרִין בְּהֶסְפֵּד וְתַעֲנִית כִּימֵי הַפּוּרִים. וְהַדְלָקַת הַנֵּרוֹת בָּהֶן מִצְוָה מִדִּבְרֵי סוֹפְרִים כִּקְרִיאַת הַמְּגִלָּה: הרמב"ם משנה תורה – ספר זמנים בהלכות מגילה וחנוכה פרק ג |
Halakha 2 : Lorsque les enfants d’Israël se rendirent victorieux sur leurs ennemis, c’était le 25 Kislev ! Ils pénétrèrent dans le sanctuaire mais ne trouvèrent pas d’huile pure pour allumer la Menora ; seule une minuscule fiole fut retrouvée mais elle était suffisante pour l’allumage d’une seule journée .Or, elle brûla sans cesser durant huit jours, jusqu’à ce qu’une nouvelle huile leur parvienne. Halakha 3 : Et les sages de cette même génération instituèrent immédiatement, que ces huit jours, dont le début est le 25 Kislev, soient réservés à des manifestations de joie, des louanges à Hachem et l’allumage de bougies, à la tombée de la nuit, devant la maison, afin de montrer et de révéler ce miracle. Ces jours seront nommés « Hanouka » et il convient de s’abstenir de toute manifestation de deuil et de mortification ( comme pour Pourim) L’allumage des bougies est une loi fixée par les soférim comme la lecture du rouleau d’Esther. Maimonide , Michné Torah « Sefer Zemanim » Lois de la Méguila et de Hanouka, chapitre 3 |
- Comment l’ événement est raconté ? Qu’est-ce qui est mis en avant dans ce passage ?
- Quelle date et quelle durée est fixée par la loi ?
- Quel rituel est instauré pour ces festivités ?
- Quelle raison est avancée pour justifier l’instauration de cette fête ? Quels événements historiques sont totalement mis de côté dans ce texte ?
Texte 6 :
Pourquoi la fête de Hanouka est-elle devenue, au fil de l’histoire, celle du miracle des lumières, au dépend des autres événements importants qui se déroulèrent au même moment ?
Parmi les différentes raisons invoquées pour justifier que nos sages aient fixé à huit jours la célébration de Hanouka , l’une d’elles, mentionne le fait que le premier jour ait déjà été fixé, avant même que le miracle ne se produise, et ce, par les Hasmonéens eux-mêmes, comme jour de commémoration de la délivrance du joug des grecs.
Ce point est rappelé dans Méguilat Taanit, dont l’écriture précéda celle du Talmud.
Dans celui-ci, la seule raison invoquée pour la célébration de ces huit jours, est le miracle de l’huile.
Pourquoi ?
Nos sages y ont vu plusieurs raisons, dont voici la principale :
Au moment des faits, pour les Hasmonéens et leurs proches, l’essentiel de la joie fut le retour à l’indépendance nationale, l’annulation des décrets ignobles portant sur l’interdiction de respecter les lois les plus fondamentales du judaïsme (rituels fixant le calendrier, en particulier la néoménie, Chabat et la brit-milah) .
Enfin, et surtout, sur le retour du service divin dans le Temple.
Pour cette génération, et pour celles qui suivirent, ces événements miraculeux leur permettaient de maintenir la vie juive dans un modèle biblique puissant : Terre, rituel du Temple, Union et respect des commandements.
Pour les générations qui suivirent, longtemps après, l’essentiel de la joie se cristallisa sur le miracle de l’huile, dans la mesure où la dynastie des Hasmonéens avait disparu complètement, leurs descendants ne représentant plus du tout, des modèles pour le peuple - devenant même à leurs yeux de dangereux sanguinaires - et ayant, par ailleurs, été anéantis alors que le Second Temple existait encore.
Par la suite, même le Temple fut détruit (seul témoin encore « vivant » de cette résurrection spirituelle qui avait eu lieu du vivant des Hasmonéens) , les juifs furent chassés de leur terre, et dispersés parmi les nations, pour longtemps.
Mais le souvenir du miracle de la fiole d’huile est demeuré vivace dans l’esprit et le cœur des juifs, et aucune destruction n’a pu l’effacer ; il fut la preuve, dans l’exil, long et difficile de notre peuple, que Dieu n’aurait donc pas abandonné Son peuple, et ce souvenir permet jusqu’aujourd’hui, d’espérer et de maintenir cette espérance.
Il est dit dans les textes talmudiques que, chaque fois que l’allumage des flammes de la Menora est mentionné, c’est à l’intelligence du cœur et à la pensée construite qu’elle fait allusion.
Ainsi, lorsque l’on dit que les grecs ont pénétré dans le Temple et qu’ils ont souillé les huiles pures, c’est à la sagesse et à l’intelligence de notre peuple qu’ils ont porté atteinte.
Lorsque les Hasmonéens, victorieux, sont entrés à nouveau dans le Temple et n’ont trouvé qu’une seule fiole d’huile intacte, dont l’huile ne pouvait alimenter la Menora qu’une seule journée, c’est aussi une illustration de ce qui se passait alors concrètement dans le peuple juif, à savoir, qu’une toute petite lumière pure, vacillante pouvait encore brûler dans le cœur et l’âme des juifs.
Le miracle qui se produisit, est, que cette petite réserve d’huile suffit pour huit jours.
Or, ce miracle-ci, notre peuple en a besoin, et cela, pour toutes les générations et bien davantage lorsqu’il est en exil, parmi les nations.
Tout le temps où il demeure pur dans son cœur, et dans la fidélité aux valeurs de la Torah, il est libre même s’il réside parmi les autres nations ; tandis que lorsqu’il cherche à imiter les autres nations, même libre sur sa terre, il est asservi dans sa tête.
Or, seul un miracle tel qu’il se produisit à Hanouka peut le sauver, dans ce cas.
Or, quand le miracle peut-il avoir lieu ?
Uniquement si la dernière petite flamme continue de brûler, si une dernière quantité d’huile pure a pu être préservée, suffisante, même pour l’allumage d’un seul jour !
Cette lumière qui fut allumée par les Hasmonéens , continue de brûler dans nos cœurs, non pas huit jours mais depuis deux mille ans.
Traduction du Sefer Ha-Todaa – Elihou Ki- Tov
Les sources pro posées pour cette étude
Réf:
Dictionnaire encyclopédique du judaïsme
Encyclopédie « Daat »
1 . Livre 1 des Maccabim
Ce premier livre des Maccabim a été composé en Judée, durant la période du Second Temple (vers 175 avant JC - 135 avant JC), plus précisément durant la période qui suivit immédiatement la révolte de la famille Hasmonéenne contre les rois séleucides jusqu’au règne de Jean Hyrcan ( troisième génération des rois hasmonéens)c’est-à-dire au moment de la restauration d’un royaume juif indépendant.
Ce premier livre des Maccabim fut rédigé en hébreu par un auteur juif anonyme . Le texte original a été perdu ( une toute petite partie a cependant été préservée - et la version la plus importante qui a pu être sauvegardée est la traduction grecque contenue dans le Septante.
Flavius Josèphe témoigne, cependant, qu’il était lu, à l’époque du Second Temple, par ses contemporains, sous le titre de « Rouleau des Hasmonéens »
Ce livre n’a pas été intégré dans le canon biblique qui avait déjà été clôturé par les Membres de la Grande Assemblée.
Il est tenu comme écriture canonique par certaines églises chrétiennes (y compris les églises catholiques, orthodoxes et coptes), mais pas par les confessions anglicanes et protestantes. De tels protestants considèrent qu'il s'agit d'un livre apocryphe (voir aussi Deutérocanonique).
Pour le judaïsme contemporain , le livre est souvent d'un grand intérêt historique, mais n'a donc pas de statut religieux officiel.
2. Livre 2 des Maccabim
Contrairement au Livre 1, ce Second Livre des Maccabim fut composé en Egypte hellénistique.
Il présente la révolte des Maccabim sous un angle plus théologique et apologétique qu’historique. On y retrouve des textes qui exaltent les « martyrs » de cette époque (par exemple, le martyr de Hannah et de ses 7 fils)
Bien que de qualité historique moindre que le premier Livre, il contient des informations précieuses sur la genèse du conflit entre Judéens et Séleucides. Il comprend aussi des textes certainement inspirés des traditions pharisiennes initiées à cette époque, telle qu’une prière pour les morts impliquant une croyance en l’immortalité de l’âme et la résurrection.
La période qu’il couvre est plus restreinte que celle du premier livre des Maccabim : il s’ouvre sur les derniers jours de Antiochus IV Epiphane et se conclut sur la défaite quinze ans plus tard du général Nicanor par Judah Maccabi, héros de l’ouvrage. (vers 153 avant JC - 133 avant JC)
Différent du premier Livre par la langue également, puisqu’il fut écrit en grec, certainement à Alexandrie, vers 124 avant JC
Les catholiques et les orthodoxes considèrent l'œuvre comme canonique et fait partie de la Bible catholique. Protestants et Juifs rejettent la plupart des innovations doctrinales présentes dans l'œuvre.
Remarque sur leur mise à l’écart du canon biblique :
Ces livres, comme d’autres, ont été écartés du canon biblique parce que celui-ci avait été fermé par les Membres de la Grande Assemblée, au retour de l’exil babylonien, constatant que la prophétie s’était « éteinte » parmi le peuple juif (dernier prophète : Malahi, Vème siècle avant J-C) et que les textes qui viendraient s’ajouter dans la suite de l’histoire juive ne seraient plus d’inspiration divine.
Pour autant, ils sont consultés, étudiés et nous fournissent des informations très précieuses et jugées fiables sur les événements de cette époque.
Nos sages autorisent leur étude .
Responsa du Ben Ish Hai dans son ouvrage « Ben Yéoyada » – בן איש חי '' בן יהוידע''
« A l’époque d’ d’Esther il y avait encore parmi nous des hommes détenteurs de l’esprit saint qui pouvaient relater l’histoire avec inspiration divine, ce qui n’était plus le cas à l’époque de ‘Hanouka.
C’est pourquoi l’histoire a pu être écrite mais ne revêt pas le caractère de sainteté d’un livre biblique.
On peut lui accorder de l’importance et un juif respectueux de la Halakha est parfaitement autorisé à l’étudier »
3. « Méguilat Taanit »
La Méguilat Taanit (« Rouleau des Jeûnes »), à ne pas confondre avec le traité Taanit est une œuvre probablement rédigée avant l’écriture de la Michna (entre 40 avant J-C et 70 avant J-C).
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, elle énumère les jours où le jeûne est interdit, parce que ces jours furent des moments de joies partagées. Ces jours ont été célébrés comme des jours de fête. Le deuil public était interdit pour 14 d'entre eux, et le jeûne public pour tous. Les jours sont énumérés, non pas dans l'ordre chronologique des événements qu'ils commémorent, mais dans l’ordre chronologique du calendrier.
L’essentiel de ces événements eurent lieu autour de la fête de Hanouka ( le miracle de la fiole y est mentionné implicitement, pour la première fois) et le dernier mentionné est l’annulation du décret ordonnant aux juifs de participer au culte pour l’empereur.
Attribuée à Hanania ben Hizqiya ben Goren et sa "cour", son fils Eliezer ben Hanania et ses compagnons sont associés à sa compilation qui s'est donc poursuivie jusqu'au début de la Grande révolte (66).
Le Talmud évoque l’idée que ce texte ait pu être rédigé par les sages des écoles de Hillel et Chamaï.
Le texte de Méguilat Taanit fut rédigé en araméen ; il contient, dans une première partie, de brefs points dans un style concis. Dans une seconde partie les « Scholies » ou des commentaires sur le texte, écrit en hébreu au plus tôt au 1er siècle, les rédacteurs reviennent sur certains événements et les commentent.
Après la destruction de Second Temple de Jérusalem, l’un des derniers Nassi du Sanhédrin – Rabbi Shimon ben Gamliel (Période Oucha) considéra ce texte caduc ( à l’exception des jours de Pourim et Hanouka) parce que « les jours de malheurs étaient devenus plus nombreux que les jours de joies »
4. Braïta du Talmud de Babylone- traité Chabat
Voir document en annexe du 1er cours
5. Maimonide « Michné Torah »
Immense ouvrage de 14 volumes, le « Michné Torah » est, à ce titre, également appelé « Yad Ha-hazaka » ( YAD formant la valeur numérique 14) C’est la plus grande œuvre halakhique de Maimonide.
On estime que Maimonide acheva cet ouvrage vers 1185 ( vers la fin de sa vie).
Elle se présente sous la forme d’un synthèse monumentale de toute la loi juive. Ce code est structuré de façon logique et claire, dans un style tout aussi clair, dans une langue facile (l’hébreu de la Michna)
Il présente les principes fondamentaux à l’origine de chaque ensemble de lois. Maimonide a fait le choix de ne pas citer les sources et même si cela lui a été reproché, l’objectif est atteint : donner une vision cohérente, présenter la loi de façon homogène, et présenter un panorama « grandiose » de la loi juive
Maimonide a inséré dans le corpus, des réflexions philosophiques, religieuses ou éthiques qui en font le cœur de l’œuvre.
Les 14 volumes :
Mada - Connaissance Ahavah - Amour Zemanim - Saisons Nachim - Femmes Quedousha - Sainteté Haflaa – Engagements, vœux Zeraim - Semences |
Avodah - Service du Temple Qorbanot - Sacrifices Tohara - Pureté Kinyan - Acqusitions Nezikin - Dommages Michpatim – Décisions de justice Choftim - Juges |
6. Sefer Ha-Todaa
Rav Elahou Ki-tov, de son vrai nom Abraham Eliahou MOKOTOVSKY est né à Varsovie en 1912 et mort en 1976, en Israël.
Il était l’un des élèves les plus proches de Rabbi Tsadok Ha-Cohen de Lublin ( Hozei de Lublin)
Dans sa jeunesse, il devint éducateur et il proposa des lectures innovantes du Talmud, de la Bible et la pensée juive.
À cette même époque, il a également travaillé bénévolement dans des écoles juives laïques pour enfants abandonnés.
L’ ouvrage « Sefer Ha-todaa » fut publié, pour la première fois, en 1958 . Il y fait la liste de tous les événements de l’année juive (y compris les jours de Yom Ha-hatsmaout et Yom Yeroushalaim) et propose une synthèse des lois, des rites des différentes communautés mais aussi des textes sources de certaines commémorations peu connues.
Il cite des coutumes parfois tombées en désuétude et qui permettent d’offrir un éclairage et un sens nouveaux sur certaines fêtes.
Par crainte des réactions de certains milieux ultra-orthodoxes, il retira finalement de la première édition, les passages sur les « commémorations sionistes » mais c’est son gendre Hanoh ben Arza ( avec son autorisation), qui les a édités sous le nom de « Kivsei Dé-Rahamana ».