Des cas où il est permis de se faire soigner par un païen
Pour toute blessure grave et pour toute maladie dangereuse pour lesquelles il est permis d’enfreindre le repos du sabbat, il est défendu de se laisser soigner par un médecin païen qui n’est pas réputé comme très habile, parce qu’on craint de sa part des actes de violence à l’égard du malade.
GLOSE: Ceux qui entreprennent de pratiquer une saignée sont généralement habiles dans ce genre d'opération.
Lorsqu'un malade est en danger de mort et qu’on a encore quelque espoir de le voir revenir à la santé, on ne doit pas le faire soigner par un médecin idolâtre; mais si la mort du malade est inévitable, on peut faire appeler un médecin idolâtre, parce qu'on ne craint plus rien de la part de celui-ci et qu’on espère prolonger le plus longtemps possible la vie du moribond. Quand un médecin païen vante l'efficacité d’une herbe pour guérir un malade, on peut croire ce qu'il dit, mais on ne doit pas acheter la plante chez lui.
GLOSE: Quelques auteurs disent qu’il est défendu de se faire soigner par un médecin idolâtre, qui ne prend pas d'honoraires; mais s’il se fait payer, il est permis d'accepter ses services, car il soignera bien ses malades pour ne pas perdre sa clientèle. Il est permis de prendre un médecin qui, pour guérir ses malades, prononce sur la blessure des paroles magiques, à condition toutefois d'ignorer s’il parle de ses idoles; quand on sait qu’il prononce leur nom, il est défendu d'accepter ses soins, même pour un moribond. Lorsque le médecin est un Israélite converti, il est toujours défendu de le prendre, car il parlera sûrement des idoles.
Lorsqu'un médecin idolâtre dit à un Israélite que, pour guérir, il doit boire une eau adorée comme idole ou prendre de l’essence tirée d’un arbre auquel les païens rendent un culte, il est défendu à l’Israélite de faire usage du médicament prescrit. Mais si le docteur ordonne l’eau ou l'essence sans prononcer le nom de l’idole, le malade peut faire usage du remède, même s’il est retiré d’une chose adorée comme idole, parce que le païen ne croit pas le faux dieu capable d'opérer la guérison. Certains auteurs interdisent le médicament prescrit par le médecin si celui-ci ne dit pas qu'il vient de l’idole.
Il est permis de faire prendre à un homme dangereusement malade des médicaments défendus, même lorsque ceux-ci ont un goût agréable qui plaît au patient. Cette permission n’est pas accordée à une personne légèrement souffrante; toutefois, lorsque le remède a une saveur désagréable on peut le lui faire prendre. Enfin, le mélange de lait et de viande et ceux de deux espèces de vin ne sont autorisés que pour les maladies graves.
GLOSE: Pour un malade qui n’est même pas dangereusement atteint, on peut enfreindre les défenses rabbiniques, lorsque les ordonnances sont faites par un habile médecin; ainsi il est permis de donner des bains de vin ou de vapeur de vin appartenant à un païen, sans cependant faire boire le liquide; il est également permis de préparer un animal défendu pour guérir un malade qui n’est même pas dangereusement atteint; mais il est rigoureusement interdit de se servir de tout ce qui provient d’un arbre adoré comme idôle. Il n’y a pas lieu de tenir compte de ce qui a été dit précédemment dans le cas où l’on ne peut avoir d’autres médicaments permis; mais quand on peut s’en procurer d’autres, même en étant obligé d’attendre, les premiers sont défendus.